vendredi 18 octobre 2013

Sights


La condamnée. On lui tourna la veste au nez, la voulant morte. Elle avait dérangé. On la jeta dès qu'elle fauta. Abandonnée, laissée pour compte elle s'enferma, blessée d'avoir été rejetée. Jalouse, elle pleura toutes les larmes de son corps. Le soir elle perdait pied. Là où la journée son existence se retrouvait teintée d'un voile embellisseur, quand la nuit tombait, le masque aussi. Elle n'avait plus personne autour, plus de distraction, rien que de l'ennui et de la peur. Peur d’être seule à jamais, seule pour toujours. Peur d’être à nouveau abandonnée. Elle réalisait sous la couette avant de dormir, quand le sommeil n'arrivait pas, qu'on avait été enclin à la pourrir toute sa vie. Qu'on l'avait laissée fragilisée, tel un papier fin que l'on rature. Elle était cette petite chose frêle qui se laissait vivre, faisant semblant. Là où vraiment, la douleur était terrible. Sur le fil, elle sautillait lentement sans avoir peur de tomber. Elle savait que la vie était ainsi. Faite de souffrance, de terreur, d'un mal de coeur quand les lumières s'éteignent et que l'on se souvient de ceux que l'on a aimé et qui sont partis. Elle avançait, sans pleurer, remplie comme un ballon d'eau. Prête à exploser à la première piqûre, la première écharde, le prochain saut. Elle s'écraserait lamentablement, s'éparpillant envahie de la sensation de ne pouvoir jamais se relever indemne. Alors murée derrière sa tour opaque, elle ne se laissait plus aller, elle combattait chaque jour. 

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